Les Contes du Renouveau – Marine – Part 1
Il était une fois, dans un château, une petite fille qui s’appelait Marine. Elle était d’une beauté éblouissante, comme ses deux autres sœurs.
Leurs parents étaient un peu spéciaux : ils aimaient chasser, mais seulement perchés sur des chevaux, c’était donc les chiens, très gentils, qui faisaient tout le boulot.
Les chiens étaient heureux, ils étaient mieux logés et mieux nourris que tous les gens à 10 km à la ronde. Trop bien nourris peut-être, les parties de chasse étaient ennuyeuses.
Pourtant Marine y alla une fois, pour voir. On lui acheta tout un équipement pour l’occasion : de belles bottes de cuir brun, avec un beau liseret blanc et bleu cousu main, le pantalon blanc des cavalières, la belle veste de chasse, molletonnée juste ce qu’il faut pour la mi-saison et toutes les protections nécessaires. Le vendeur lui avait fourni le meilleur équipement.
Le jour venu, le domaine s’allongeait devant eux, les arbres, les buissons, le chemin qu’il faudrait emprunter, elle n’était pas très à l’aise ce jour là sur ses étriers, elle savait, qu’ils y allaient pour ôter la vie et elle n’aimait pas ça.
Ils s’étaient engagés dans le bois. Elle pouvait entendre les chiens devant. Puis à un moment, ils cessèrent d’aboyer. Ensuite, elle les entendit japper, il se passait quelque chose. Il ne fallut que quelques minutes pour que la voix de son père résonne entre toutes les branches, sur tous les troncs jusqu’à ses oreilles :
” Marine ma Chérie, viens voir ton père « .
Elle dirigea Romino vers l’endroit d’où provenait la voix. Romino, c’était son cheval, son ami, son équipier, un apaga de 8 ans, un spécimen très rare, venu de Chine, un cadeau, d’un ami du cousin d’un ami de l’oncle de son père. Romino était un cheval de petite taille particulièrement robuste et vif à la fois, même si comme tout le monde dans la famille, un peu potelé. Quand elle arriva sur les lieux, elle comprit le sens des mots « scène de crime ». Et elle comprit aussi le sens du mot « assassin », le problème était que ce mot à cet instant précis, était le jugement direct, prit en flagrant délit, qu’elle attribuait à son père. Le chevreuil était couché dans l’herbe, immobile, son père tenait le couteau et affichait un large sourire de fierté. Et cette lueur dans l’œil…, le regard de l’homme qui tue alors que son frigo est plein et sa table garnie, le regard d’un homme mauvais qui tue pour le plaisir. Elle ne put pas sourire. Son père lui dit : » j’aurai voulu t’attendre que tu vois cela de plus prêt !”. Marine se mit à pleurer. Elle lui parla de frigo, elle lui parla de table, mais il ne comprit rien, Romino sentit Marine s’agitait sur son dos, il comprit tout de suite, il recula un peu et l’emmena loin, loin de ces étranges humains. Heureusement ils en connaissaient d’autres : » Ne t’inquiètes pas Marine, nous te trouverons une nouvelle famille ” hénit Romino.
Marine pleurait toujours, deux trois larmes bien claires roulèrent sur la crinière de son compagnon qu’elle caressa. Elle l’avait entendu et elle y croyait.
Et elle avait raison.