Marine – PART 3


Les contes du Renouveau – Marine – Part 3

Le lendemain matin, malgré son humeur inquiète, la lumière resplendissait dans la chambre d’hôtel de Marine. Quelqu’un frappa à  la porte. Quand elle ouvrit, elle ne vit qu’un carton , posé au sol, qui lui arrivait jusqu’aux genoux. Elle se pencha, l’ouvrit un peu et vit qu’il était rempli de vieux dossiers. Alors, en prenant bien appui sur ses jambes, elle se mit en position de le soulever et l’emporta dans sa chambre. Avant de commencer à  en ausculter le contenu, elle prit le temps de se servir un thé, respira une grande bouffée à la fenêtre de l’hôtel et se dirigea vers la table où le carton l’attendait. Il y avait des dossiers sur son père,  sur l’oncle Gilbert et sur sa famille toute entière. Il y en avait  d’autres au sujet de personnes qu’elle ne connaissait pas, et notamment un dossier sur les Amid, une famille qui habitait à  quelques centaines de kilomètres d’où elle se trouvait selon ce qui était noté, à Tougbo, elle décida aussitôt de s’y rendre. 

Sur la route, au volant de la voiture qu’elle avait loué, elle pensait au lourd contenu qui se trouvait dans le carton qui était posé sur la banquette arrière, elle l’avait emmené avec elle. Maintenant elle savait elle aussi, que sa famille était bien plus sombre que tout ce qu’elle avait bien voulu voir. Ça ne l’étonnait pas tant. Une nuit avait suffi, allongée les yeux fixés au plafond,  respirant avec application, pour qu’elle réorganise tout dans son cerveau. Les visites du samedi soir, ces soirées auxquelles elle était invitée mais auxquelles elle ne voulait pas participer, ces soirées de vieux fous pensait-elle alors et pensait-elle d’autant plus aujourd’hui,  habillés de leurs robes, se prosternant, se baisant la main, récitant des mots latins comme s’ils pouvaient sauver le monde ou se l’accaparer pour eux tout seuls, tout cela lui paraissait profondément déviant. Elle pensait à  son père : un tueur, un tueur non reconnu, un tueur qui n’avait même peut-être encore jamais tué, mais un tueur. Dans son regard elle l’avait vu.  Maintenant elle pourrait le prouver, avec ces dossiers avec son bagage, elle pourrait le prouver : son père était fou et dangereux. Et  peu importe sa croyance, ses bougies ou ses mots, tout cela n’y changerait rien ! 

Soudain, le pneu de sa voiture éclata. Elle venait de passer sur un caillou acéré. Elle sursauta à  peine, ralentit sans encombre, pesta sur l’état des routes de ce côté du pays, pesta sur sa conduite trop hâtive et s’arrêta 1 km plus loin quand elle croisa un restaurant de bord de route. Deux belles baraques blanches à  toits plats étaient reliées l’une à  l’autre, par une longue toile, blanche elle aussi, sous laquelle se trouvait une terrasse, des buveurs, des mangeurs, l’endroit était animé, peut-être pourraient-ils l’aider.

De l’une des deux maisons blanches, sortit un homme, il tenait précieusement une boîte en bois entre ses mains. Il se dirigea vers Marine sans se précipiter, mais visiblement sûr de son objectif. Quand Marine l’aperçut,  il la fixait du regard , elle comprit vite qu’il venait la voir, son regard était gentil, elle l’attendit. 

Arrivé à  sa hauteur, il lui tendit la boîte. ”Bonjour Marine” lui dit-il. Il lui expliqua avec un grand sourire qu’il l’attendait  et qu’il était désolé pour son pneu , qu’il s’occuperait de tout et que d’ici une petite heure elle pourrait repartir. Marine fut abasourdie. « En attendant, ajouta-t-il en tendant le bras vers la porte d’où il était venu, aller voir ma femme là bas. Elle s’appelle Samira. Elle vous accompagnera à  votre table, nous vous avons préparé  un bon repas !” lui affirmait-t-il en souriant

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